Il ne faut parfois qu’un geste pour réveiller une terre. Une demi-lune creusée dans la poussière, une souche oubliée qu’on laisse repousser, quelques graines protégées de la sécheresse. Ce sont ces gestes-là que Justdiggit met en œuvre chaque jour pour restaurer les écosystèmes dégradés d’Afrique. Avec une ambition immense et des moyens simples : remettre la nature au centre, avec et pour les communautés qui y vivent. Identifié par EPIC après un processus exigeant de sélection Justdiggit bénéficie du soutien direct d’Almayuda. (EPIC Foundation fédère des donateurs engagés vers des projets à fort impact).
Chaque année, au moins 100 millions d’hectares de terres saines, 20 millions en Afrique subsaharienne, deviennent improductifs à cause de la dégradation des sols (chiffres de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification – UNCCD 2023).
Justdiggit est née d’une vision : pour lutter contre les effets délétères du changement climatique, il faut reverdir les terres arides de manière rapide, durable et à grande échelle. Et pour cela, on peut faire confiance à la nature parce qu’elle « sait faire ». Des millions de souches d’arbres, par exemple, vivent encore sur les sols desséchés. Si on leur en donne la chance, elles repoussent. Si on les protège, elles ombragent. Si on les accompagne, elles régénèrent les paysages, l’eau, la vie.

Trois leviers pour une transformation
Depuis sa création en 2010, Justdiggit a fait de cette vision une mission. Elle intervient dans six pays africains : Kenya, Tanzanie, Togo, Éthiopie, Madagascar et depuis 2023, le Sénégal, pour restaurer les terres dégradées en mobilisant les communautés rurales, les techniques ancestrales et l’innovation technologique. Le résultat ? Une action à la fois locale et systémique, qui a déjà permis de restaurer plus de 400 000 hectares de terres et de régénérer plus de 153 millions d’arbres.
À la base de cette restauration, trois leviers :
« Rainwater Harvesting » : collecte des eaux de pluie par « bunds » (demi-lunes creusées dans le sol).
« Treecovery » : régénération assistée des arbres.
« Grass Seed Banks » : banques de graines de graminées.
Rainwater Harvesting : capturer l’eau
La première urgence, dans les zones touchées par la désertification, c’est l’eau. Justdiggit a développé une méthode fondée sur le creusement de bunds, de grandes demi-lunes dans la terre. Lors des rares pluies, au lieu que l’eau ruisselle et se perde, elle s’accumule et s’infiltre lentement dans le sol. Ce simple geste modifie profondément la structure du sol : il devient fertile, l’herbe repousse, la température baisse.
Sur les images avant/après, la différence est saisissante : des plaines jaunes et stériles laissent place à une végétation rase mais vivante, qui devient un refuge pour les insectes, les oiseaux, les troupeaux. Des oasis de fraîcheur réapparaissent.
Treecovery : régénérer, plutôt que replanter

Justdiggit ne plante pas d’arbres, mais régénère ceux qui sont déjà là, presque invisibles mais encore vivants sur les souches. La technique, appelée (Farmer Managed Natural Regeneration), repose sur un savoir-faire ancestral massaï : le Kisiki Hai. Les fermiers sélectionnent une ou deux petites branches plus vigoureuses, coupent les autres, et concentrent l’énergie de l’arbre sur sa repousse. Le résultat est plus rapide, plus robuste et plus résilient que la plantation.
Cette technique, qui transforme rapidement les paysages dégradés en forêts verdoyantes, permet aussi de redonner aux communautés locales un rôle actif dans la restauration : elles n’attendent pas les dons d’arbres, elles redécouvrent leur pouvoir d’agir avec ce qu’elles ont déjà.
Grass Seed Banks : cultiver l’inclusion
L’origine de ces « banques de graines » vient encore du pays Massaï, où les femmes cultivent des herbes et graminées locales sur de petites parcelles protégées. Elles en récoltent les graines et les conservent avant de les vendre sur les marchés locaux ou à d’autres projets de reverdissement.
Se constituent ainsi des micro-économies durables, des réserves de biodiversité, et des leviers puissants d’autonomisation. Là où les femmes étaient exclues des décisions, elles deviennent gardiennes du sol et actrices économiques. Ce n’est pas seulement de la régénération écologique : c’est de la transformation sociale.
La technologie pour changer d’échelle
Mais ce qui distingue Justdiggit, c’est sa capacité à penser en grand la sensibilisation, l’éducation et la communication en direction communautés locales, des agriculteurs et des pasteurs. Pour faire face à l’urgence climatique, les solutions doivent pouvoir être déployées à grande échelle. C’est pourquoi l’organisation a lancé en 2023 une application mobile, disponible sur des téléphones basiques, qui permet à des millions de paysans d’accéder à des modules de formation, générés en partie par intelligence artificielle.

Disponible en langues locales, l’appli permet de recevoir des conseils personnalisés, de documenter les progrès, de partager des photos de ses parcelles, et de s’inspirer des autres. Objectif : toucher des millions de personnes en Afrique. La technologie devient ici un outil de transmission, d’égalité et d’impact, d’incitation à initier ses propres projets de reverdissement.
Le bilan de 15 ans d’actions

– 400 000 hectares restaurés
– 153 millions d’arbres régénérés
– 5 milliards de litres d’eau retenus chaque année grâce aux demi-lunes
– 18 millions de foyers agricoles touchés
– 18 772 participants aux programmes formés et accompagnés
Et ce n’est qu’un début, car Justdiggit ambitionne d’étendre encore ses programmes à d’autres pays, d’intensifier la formation numérique et de continuer à créer des ponts entre l’action locale et les défis globaux. Pour cela elle peut compter sur son intégration dans la branche « Climat et environnement au service des générations futures » de l’écosystème d’EPIC.
EPIC : la philanthropie structurée, rigoureuse et transparente

L’idée développée par le fondateur d’EPIC : créer des passerelles entre les philanthropes et les associations à fort impact. Et pour cela combiner deux approches :
– La « Venture Philanthropy », qui transpose les méthodes du « Private Equity » au secteur associatif (sélection proactive, accompagnement stratégique, évaluation régulière).
– La « Trust Based Philanthropy », qui place la confiance au cœur de la relation avec les associations (financements non fléchés, autonomie des bénéficiaires, transparence bilatérale).
Ainsi, chaque association soutenue l’est pour au moins trois ans, avec un financement annuel d’au moins 100 000 $ et sans condition d’usage spécifique des fonds ! En contrepartie, chaque projet fait l’objet d’un monitoring trois fois par an, et d’un rapport d’impact régulier.
L’originalité et le point fort d’EPIC repose aussi sur la prise en charge de la totalité des frais de fonctionnement par ses administrateurs. Chaque euro reçu de ses donateurs est investi dans les projets sélectionnés !
Tout cela avec zéro frais de gestion prélevé sur les dons. En effet, c’est le « board » d’EPIC qui prend en charge l’intégralité des coûts de fonctionnement !
Nouvelle génération
Parmi les 22 associations, dans six domaines d’action : santé, éducation, égalité, santé mentale, climat/environnement, lutte contre la pauvreté, Justdiggit figure comme un acteur clé du portefeuille « Climat et environnement au service des générations futures ».
Il incarne parfaitement cette nouvelle génération d’organisations : locales, rigoureuses, innovantes, communautaires qu’Almayuda est heureux d’accompagner.
Photos : DR
Liens utiles
https://justdiggit.org/
https://epic.foundation/fr/accueil/