300 photos, capturées « dopo l’estate » (après l’été), entre 1987 et 2014, à Stromboli, Capri, Elbe, Capraia, Favignana, Giglio, Levanzo, Ischia, Procida, Filicudi, Vulcano, Panarea, Alicudi… À la fois odyssée photographique et déclaration d’amour à l’Italie, ce livre exceptionnel marque un nouvel épisode du compagnonnage entre Almayuda et Bernard Plossu, le photographe marcheur et voyageur.
« Connu pour exhausser des détails, pour promouvoir des instants “non décisifs“, pour réhabiliter des lumières dont les autres se défient, Plossu livre avec ce corpus photographique significatif – plus de 300 images – une lecture du paysage insulaire italien qui se déploient sur la longueur, comme un vin révèle sa longueur en bouche. Ses photographies en noir et blanc magnifient des instants simples irrigués par la poésie des jours. »
Ces phrases, belles et précises, de Walter Guadagnini, directeur du Centro Italiano per la Fotografia à Turin, disent tout ou presque de la nouvelle grande œuvre de Bernard Plossu : « L’odyssée des petites îles italiennes ».
Peu d’hommes. Un vent puissant.
En 1987, grâce à l’institut français de Naples, Bernard Plossu effectue un séjour photographique à Stromboli, dans les Iles Éoliennes. L’année suivante, il s’installe quelques mois à Lipari avec sa femme, la photographe François Nuñez et son fils. De Stromboli, il rayonne vers d’autres îles, accompagné de quelques amis photographes venus le rejoindre.
Ainsi commence l’Odyssée, plus longue que celle d’Ulysse puisqu’elle dure presque 30 ans, de 1987 à 2014. Dans ces paysages insulaires « Peu d’hommes. Un vent puissant. Des embruns, des odeurs. » (1) En somme, l’idéal pour Bernard Plossu, qui peut « mener et exprimer pleinement son inlassable quête de l’infra-ordinaire (pour reprendre le terme de Georges Perec) et du sur-banal (pour reprendre celui inventé dans sa jeunesse par le photographe lui-même). » (2)
Dans une déambulation de marcheur, « sans répit mais extrêmement calme », naissent des centaines d’images d’une Italie sans vestiges ni passé glorieux. « (C’est) dans une nature qui parfois cède le pas à la présence humaine pour ensuite reprendre toute la scène, que naissent ces photographies où alternent paysages et traces humaines, selon un équilibre qui répond parfaitement au tempo de la vie dans ces lieux. » (2)
Un monde atemporel
Les premières photos qui ouvrent le livre sont des photos de famille. Comme si, d’entrée de jeu, le livre était placé sous le signe de l’éternité. Ou d’une atemporalité que souligne Walter Guadagnini. « Il est vrai… que dans ces îles l’élément atemporel est fortement présent, parce que la mer et le soleil influent sur les bâtiments et leur retirent très vite la patine de la nouveauté… » (2)
Atemporalité que renforce « l’absence de grandes routes et de longues distances (qui) dispense de multiplier les moyens de locomotion… ». Ou encore le fait « qu’il n’y a souvent qu’une seule route qui relie les principaux lieux de l’île, le reste étant laissé justement à la capacité des hommes et des animaux de se déplacer sur leurs jambes et leurs pattes… »
On rejoint là le thème de la marche dans la nature, « une sorte de yoga » pour Bernard Plossu. La marche ici indispensable à la photographie : « se balader est une nécessité, si l’on ne va pas d’un endroit à l’autre, on ne verra pas de photos. »
Ce que confirme implicitement Walter Guadagnini : « La configuration géographique de ces îles, jointe à la rareté des moyens de communication… représente paradoxalement la condition idéale pour l’activité de Plossu : elle plonge le photographe dans son milieu préféré et lui permet de se concentrer exclusivement sur l’observation de ce qui l’entoure et sur la prise de vue. »
« L’odyssée des petites îles italiennes » est un voyage bouleversant au pays des émotions. À découvrir absolument !
Bernard Plossu – L’odyssée des petites îles italiennes
© Éditions Textuel, 2024
Photos Bernard Plossu
(1) Présentation d’un livre de photographie à paraître aux éditions Textuel
(2) Préface de Walter Guadagnini
Après Plossu Cinéma, Maroc 1975, Carnets d’inédits, Jardin de pierres, La Montagne Blanche, Roma, L’odyssée des petites îles italiennes est la septième collaboration entre la Fondation Almayuda et Bernard Plossu.
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