Du 21 novembre 2014 au 15 février 2015, les travaux de Sigalit Landau ont été exposés au MACBA (Musée d’art contemporain de Barcelone), sous le titre « La danse Phénicienne du sable ». Cette manifestation a été soutenue par la FONDATION ALMAYUDA, dont l’aide a permis de publier un livre, montrant et analysant les œuvres de l’artiste.

C’est dans le contexte du passage entre le 20ème et le 21ème siècle, au milieu des années 90, que le travail de Sigalit Landau voit le jour. Il s’agit, principalement, de sculptures en mouvement qui, grâce à la vidéo, permettent à l’artiste d’interagir avec les grands sujets politiques et historiques de son temps.

L’empreinte d’une poésie profonde, entre réalisme et symbolisme, force et fragilité, innocence et agression, histoire et avenir.

Au MACBA, ont été présentées treize œuvres, qui abordent des questions telles que la mondialisation, l’identité, la dépendance, les menaces, les combats, le jeu ou l’émancipation.

« La danse Phénicienne du sable », le nom de l’exposition, s’explique par la présence presque constante du sable, de la plage et de la mer, dans l’univers de Sigalit Landau. Elle aime y faire évoluer des corps vivants, qui dansent et entrent en relation avec les objets qui les entourent, laissant l’empreinte d’une poésie profonde, entre réalisme et symbolisme, force et fragilité, innocence et agression, histoire et avenir.

Hula hoop et lac salé

Parmi les travaux exposés à Barcelone, plusieurs ont particulièrement marqué les visiteurs.

« Three Men Hula » représente trois hommes faisant du hula hoop dans un même cerceau, ou comment une tentative de coopération et d’entraide tourne au spectacle absurde. Cette création préfigure « Barbed Hula », où l’on voit Sigalit Landau faire tourner un cerceau hérissé de barbelés autour de son corps, exprimant ainsi la frontière ténue entre le jeu et la torture.

Dans « Salted Lake », elle met en scène une paire de bottes, recouvertes de sel, reposant sur un lac gelé, au cœur d’un espace enneigé. A l’horizon, un paysage industriel immobile et silencieux. Le craquement s’intensifie à mesure que le sel fait fondre la glace, jusqu’à ce que celle-ci se brise et que les bottes soient englouties par l’eau. Cette œuvre, qui figure la conscience historique moderne du peuple juif, en côtoie une autre, « Worcester », où une paire de chaussures abandonnée, elle aussi recouverte de sel, figure une réminiscence de la Shoah.

La présence du sel, comme celle du sable, témoigne de l’attachement de Sigalit Landau à la Mer Morte, où elle a réalisé une série de sculptures, à partir d’objets plongés dans ses eaux salées. Dans « Standing on a watermelon in the dead sea », Sigalit Landau maintient une position verticale, les pieds posés sur un melon, dans les eaux salées de la Mer Morte. Une image biblique, presque un vitrail !

DIG_A-HIS-03324_006_hr
DIG_A-HIS-03324_014_hrOn pourrait encore parler de « Yotam », un circuit fermé de tuyauteries, évoquant le système veineux et digestif du pavillon israélien de la 54ème Biennale de Venise. L’œuvre reproduit aussi une image typique des rues de Tel-Aviv, où trottoirs et façades présentent des réseaux de tuyaux exposés, tels les intestins ou les veines de bâtiments Bauhaus délabrés.

Avec l’exposition du MACBA, Sigalit Landau a montré qu’elle était vraiment cette « artiste qui franchit la limite du possible dans son exploration des marges de la matérialité et de la société, qui poursuit sans relâche l‘organique, le pourrissement, l’intrus et l’inconnu, qui a cheminé jusqu’à la Mer Morte pour aller s’immerger dans ses eaux, qui observe la société postmoderne et la ville multiculturelle aux innombrables ramifications et en tire une vision apocalyptique du déclin. » (Tali Tamir in « Collective Digestion and Table Manners »).

Sigalit Landau

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Sigalit Landau est une artiste israélienne née en 1969 à Jérusalem et qui a grandi entre Israël, l’Angleterre et les États-Unis. Elle a suivi des cours à l’académie des beaux-arts et du design Bezalel (Jérusalem), où elle a participé à un échange avec l’école des beaux-arts et du design Cooper Union à New York. Elle a donné sa première exposition solo en 1995 à l’Israel Museum, et depuis elle a exposé dans les galeries de Londres, New York, Madrid, Paris, Belgrade ou encore Sydney. Ses travaux ont leur place au sein des collections permanentes du Kunstmuseum Kloser (Magdeburg), du Centre Pompidou (Paris), du Tel Aviv Museum of Art, du Brooklyn Museum (New York), ou encore du MUSAC (Espagne).

Photos DR

Lien utile : http://www.sigalitlandau.com/