Espace d’exposition et résidence de création, fondé en 2002, à Rabat, au Maroc, par le chercheur et curateur Abdellah Karroum, L’appartement 22 est un lieu indépendant dédié à l’expression, la recherche et la production d’art. Il joue un rôle déterminant et pionnier dans l’histoire de l’art contemporain au Maroc.
Dans le Maroc de la fin du 20ème siècle, les artistes ne reçoivent que peu d’aide et de reconnaissance de la part de l’État. Le traditionalisme prime, l’accès au marché de l’art reste très difficile et l’enseignement supérieur reste à construire. C’est dans ce contexte qu’Abdellah Karroum part pour la France.
Sous l’impulsion d’Abdellah Karroum, une communauté de penseurs, de commissaires, d’artistes, et plus largement d’individus concernés par des questions politiques autant qu’artistiques, s’agrège autour de L’appartement 22.
Il travaille au CAPC Musée d’Art Contemporain de Bordeaux, en tant que commissaire d’exposition et achève, en 2001, son doctorat en Lettres et Arts. Ses allers et retours entre la France et le Maroc lui permettent de rencontrer des artistes et des universitaires sur les deux rives de la Méditerranée.
Rentré à Rabat et confronté aux lourdeurs de l’administration, il renonce à créer un département d’art à l’Université et décide de transformer son propre appartement en centre d’art indépendant. Les jeunes artistes marocains, ceux qu’il surnomme « la génération 00 », pourront y créer, exposer, se rencontrer et côtoyer des personnalités référentes du monde de l’art.
La mise en place d’une programmation riche en événements artistiques et la personnalité charismatique d’Abdellah Karroum confèrent au lieu notoriété et attractivité. D’autres interlocuteurs, d’autres visiteurs, d’autres résidents, venus du Maroc et de l’étranger, poussent alors les portes de ce qui est devenu « L’appartement 22 ».
Rayonnement
L’appartement accueille des artistes qui, comme Younès Rhamoun, Hassan Darsi, Yto Barrada, deviennent vite des personnalités de la scène contemporaine marocaine et internationale. Dès 2004, Abdellah Karroum fait appel à des curateurs internationaux et crée une Délégation Curatoriale pour diriger et concevoir les expositions de l’appartement.
Après la création des éditions Hors’champs, la première radio dédiée à l’art contemporain et à la pratique artistique au Maroc, radioappartement22, apparaît en 2007… Au fil du temps, l’appartement constitue un fonds d’archives rare et précieux sur les artistes marocains et étrangers de la génération 00…
Sous l’impulsion d’Abdellah Karroum, une communauté de penseurs, de commissaires, d’artistes, et plus largement d’individus concernés par des questions politiques autant qu’artistiques, s’agrège autour de L’appartement 22. Plus qu’une simple réunion de personnes, c’est une certaine présence au monde et une façon singulière de le questionner, que les acteurs de cette aventure partagent et affirment à travers leurs actions, entre l’espace de l’art et le champ social.
Nomadisme
Les expéditions proposent un format de résidence inédit, loin des institutions et des sentiers battus du monde de l’art, sur « des territoires bien éloignés des contextes officiels de l’art contemporain », selon les termes d’Abdellah Karroum.
Les montagnes du Rif, où il a vu le jour en 1970, deviennent naturellement la première destination des Expéditions. En 2000, ce sont deux pièces d’une maison berbère habitée par une famille modeste, qui constituent la première résidence « hors les murs », avant même la naissance de L’appartement 22. Deux artistes, Younès Rhamoun et Jean-Paul Thibeau y séjournent et partagent, avec les gens du cru, des discussions sur l’art et la vie.
Aujourd’hui, le soutien de la FONDATION ALMAYUDA à Abdellah Karroum et à L’appartement 22 a permis la construction d’une maison, dans le style du pays : Rif Résidence, entièrement dédiée à l’art et aux artistes, en collaboration avec les habitants et l’artiste Younès Rhamoun, originaire du Rif. Sa relation constante et féconde avec l’appartement joue un rôle majeur dans la suite de l’histoire : lire « De Working for Change à Sous nos yeux ».
Grâce à la volonté d’Abdellah Karroum de faire se rencontrer villageois et artistes, Rif Résidence est aussi devenue un tremplin vers l’action sociale et humanitaire. En épaulant l’association Noua’Rif, qui aide les femmes, ALMAYUDA est partie prenante d’une démarche artistique très volontariste, qui place l’humain au premier plan.
(Article écrit avec l’aide de Sacha Guedj Cohen, auteur de « L’appartement 22 (2002 – 2014 : un centre d’art indépendant au Maroc. L’écriture collective d’une histoire. Mémoire de Master 1, spécialité Art Contemporain. Université Paris 1 Panthéon Sorbonne).
Photos Bernard Plossu DR
Liens utile : www.appartement22.com | www.radioapartment22.com